21/08/2017
Ron Rash : Par le vent pleuré
Ron Rash, né en Caroline du Sud en 1953, titulaire d’une chaire à l’Université, écrit des poèmes, des nouvelles et des romans. Son premier roman paru en France en 2009, Un pied au paradis, avait fait forte impression et Serena en 2011, l’imposera comme l’un des grands écrivains américains contemporains. Son nouveau roman, Par le vent pleuré, vient tout juste de paraître.
Eté 1969 dans une petite ville des Appalaches. Le mouvement hippie moribond parvient enfin dans ce trou perdu en la personne de Ligeia, une jeune fille exilée là par ses parents pour la punir d’une vie trop dissolue. Pour les deux frères, Bill et Eugene, sa rencontre va perturber leur vie à jamais, pour le meilleur mais surtout pour le pire quand près de cinquante ans plus tard, on découvre son cadavre au bord de la rivière où ils avaient l’habitude de se retrouver. Car entretemps, Bill l’aîné est devenu chirurgien, engagé dans l’humanitaire et figure locale respectable, tandis que son frère Eugene a raté sa vie d’écrivain et saboté son mariage à cause de l’alcool. Très vite après la découverte des ossements de Ligeia, Eugene va soupçonner son frère d’être responsable du meurtre…
Roman initiatique, Eugene s’initiant au « sex & drugs & rock’n roll », mais revient aussi un crédo cher à l’auteur : « Dans la vie, on fait des choix (…) et il faut accepter les conséquences de ces choix. » Ces thèmes complétent le principal, abordé dans ce roman, la notion de « responsabilité ». Qu’est-ce qu’être responsable, de soi, de ceux qu’on aime – même quand leur conduite est répréhensible ? Comment assumer nos choix et nos responsabilités ?
Un bien beau roman de Ron Rash, une fois encore même si son style évolue avec le temps, atteignant ici une certaine plénitude. Aucun esbroufe ni pathos, l’histoire est très simple et se déroule en douceur grâce à une écriture très fine faite d’une légère retenue dans l’énonciation des faits. L’écrivain maîtrise son art, sa force tranquille se suffit à elle-même. Et pour faire écho à Eugene, le narrateur écrivain, Rash truffe son texte de références littéraires.
Une lecture recommandée.
« Je me suis mis à genoux derrière elle. En nouant les cordons verts, j’ai pensé : Je sais maintenant de quoi parlent toutes ces chansons, ce dont elles parlent je l’ai fait. Ligeia s’était rallongée et elle a fermé les yeux. Je l’ai imitée, mais moi j’ai gardé les miens ouverts ; la bière et le sexe, la chaleur de l’après-midi et le murmure de la rivière avaient provoqué en moi un sentiment de satiété rêveuse. (…) Je n’étais plus celui que j’avais été, et cette personne-là, ce garçon-là, je ne le serais plus jamais. »
Ron Rash Par le vent pleuré Seuil – 200 pages –
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle Reinharez
07:39 Publié dans Etrangers | Tags : ron rash | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |